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"Aujourd'hui, il semble que l'élevage soit responsable des sept plaies d'Egypte", interview avec Juan Pascual, auteur du nouveau Pourquoi être omnivore

Le vétérinaire Juan Pascual a écrit Pourquoi être omnivore, un livre publié par Edra qui traite de la relation entre les humains et les animaux.


Pour plus d'informations sur le livre : Pourquoi être omnivore, pour votre santé et celle de la planète


Pourquoi était-il nécessaire d'écrire un tel livre ?

Je dirais qu'il y a plusieurs raisons, qui découlent d'expériences que nous avons tous vécues ces derniers temps. Par exemple, un jour, votre enfant ou votre neveu rentre de l'école et vous dit que les vaches détruisent la planète ; ou lors d'un barbecue ou d'une raclette en famille, quelqu'un nous dit qu'il ou elle est devenu(e) végétalien(ne) et commence à parler de toutes les choses négatives que les médias mentionnent à propos du monde animal. Et puis il y a tous ces titres tendancieux sur l'utilisation des animaux en général, mais surtout sur l'agriculture animale : la production animale semble être responsable des sept plaies d'Égypte, de la déforestation de l'Amazonie, du manque d'eau et des pandémies. Ou sur les animaux de laboratoire... Tout cela est en train de s'intégrer dans la société et dans les décisions politiques qui sont prises. C'est pourquoi je pense qu'il était temps de donner une autre voix, une autre opinion. Cette autre vision est peut-être plus difficile à présenter dans un titre, car c'est ce qui se passe avec la science, mais je voulais avant tout que ce soit une voix bien documentée. Je voulais que tous ceux d'entre nous qui s'intéressent aux animaux parce qu'ils travaillent avec eux soient en mesure de contre-argumenter de manière solide ce genre d'affirmations qui sont faites très légèrement, mais très souvent.

Dans votre livre, vous parlez de "raisons", ce qui semble impliquer un dialogue, une argumentation. Est-ce le cas ?

Oui, tout à fait. Il y a des gens qui pensent que c'est mal pour les scientifiques de faire des expériences sur les animaux, ou même d'avoir des animaux de compagnie à la maison. Je pense que pour ceux d'entre nous qui pensent différemment, et qui croient que les animaux sont importants dans la société, il était temps d'expliquer et de donner une série de raisons pour lesquelles les choses sont ce qu'elles sont dans le monde du bétail ou dans le monde de l'expérimentation. Tout fonctionne pour une raison et un peu de recherche sur la contribution du monde animal à la société montre qu'elle est extrêmement positive. Il existe de nombreux exemples et histoires magnifiques et positifs qui ne sont généralement pas bien connus des personnes extérieures au secteur, et j'essaie de les partager dans ce livre.

Quelles sont ces raisons ?

Je peux donner plusieurs exemples : selon les données de la FAO, 86% de ce que le bétail mange sont des déchets végétaux que nous ne pouvons pas manger. Pour simplifier, dans un champ de maïs, nous mangerons le pop-corn, mais les vaches mangeront les tiges de maïs. Il en va de même dans d'autres cas : les vaches ou d'autres animaux mangent la peau des agrumes ; une fois que le sucre a été extrait de la betterave sucrière, ce qui reste est mangé par le bétail ; lors du brassage de la bière, ce qui reste du malt déjà consommé est mangé par le bétail ; ou le petit-lait qui reste après la fabrication du fromage est utilisé par le bétail. En d'autres termes, il y a des milliards de tonnes de produits que nous devrions gaspiller si nous ne les donnions pas aux animaux. Et ce sont aussi des produits qui pollueraient beaucoup. 

Autres exemples : 50 % des engrais utilisés dans le monde sont à base de fumier animal. Sans eux, il faudrait recourir à la synthèse chimique de l'azote, très polluante. Ou encore, dans un autre type d'élevage, la pisciculture a réduit les captures d'espèces sauvages depuis les années 1990. Sans compter que grâce aux animaux, nous disposons de nombreux médicaments pour nous-mêmes, comme les vaccins fabriqués à partir d'œufs ou l'héparine, un médicament unique pour traiter les accidents vasculaires cérébraux et d'autres interventions chirurgicales, qui sauve 100 millions de vies chaque année et qui est obtenu à partir de porcs. Il ne s'agit là que de quelques exemples, sans compter que les animaux de laboratoire présentent des avantages évidents. Pour tous ceux qui veulent en savoir un peu plus, il existe de nombreuses histoires très positives.

Lorsque vous parlez "d'être omnivore", vous semblez penser aux animaux de production, mais dans votre livre, vous parlez également des animaux de compagnie. Quelle est leur importance ?

Les animaux de compagnie sont indispensables, mais il existe aujourd'hui des mouvements qui s'opposent même à la présence d'animaux à la maison, des personnes qui parlent de l'esclavage des animaux de compagnie. Pourtant, ces animaux apportent un soutien émotionnel à des millions de personnes, ils accompagnent dans les hôpitaux les enfants atteints de certaines maladies ou servent de soutien aux mineurs dans les procès pour maltraitance. De plus, il ne faut pas oublier que sans bétail, il n'y a pas d'animaux de compagnie, car ils ont besoin de viande et de poisson pour vivre. Il est important de garder cela à l'esprit, car certaines personnes choisissent d'être végétaliennes tout en ayant un chat. C'est compliqué, car on peut manger ce que l'on veut, mais il est évident qu'un chat a besoin de manger de la viande.

Le sous-titre du livre évoque "votre santé et celle de la planète". De quoi s'agit-il ?

Oui, c'est vrai. C'est pour votre santé, parce que certains nutriments contenus dans la viande, le lait, les œufs ou le poisson sont très difficiles à obtenir à partir des seuls légumes. C'est possible mais très difficile, et même avec des compléments alimentaires, l'absorption n'est pas la même. Il ne s'agit pas seulement de savoir s'il y a un composant, mais s'il est bien absorbé. Par exemple, peu importe le nombre de clous que nous mangeons, nous n'aurons pas de fer dans le sang. Nous devons l'acquérir de manière à ce qu'il soit absorbé, et alors que le fer des plantes n'est pratiquement pas absorbé, le fer de la viande, en particulier de la viande rouge, est très bien absorbé. Il faut en tenir compte ; ensuite, chacun a le droit de choisir ce qu'il mange et la vie qu'il veut mener, mais c'est important, surtout lorsque des décisions politiques sont prises. Dans certaines villes comme New York, par exemple, la viande est interdite deux jours par semaine dans les menus des écoles publiques. C'est pourquoi il est important d'attirer l'attention sur ces questions, car nous privons les enfants de nutriments absolument essentiels à leur développement. Six grammes de foie de bœuf contiennent tout le fer dont un enfant de deux ans a besoin, alors que pour obtenir la même quantité, il faudrait 400 grammes d'épinards, qui ne sont peut-être pas aussi bien absorbés.

Et puis il y a la santé de la planète. J'ai mentionné tout à l'heure la quantité de sous-produits végétaux que les animaux mangent, et si ce n'était pas le cas, nous devrions les jeter, les brûler ou en faire quelque chose. Je parlais aussi de la pêche et de la façon dont les fermes piscicoles ont réduit les prises de millions de poissons. Mais il existe de nombreux produits que nous utilisons et qui proviennent d'animaux, en dehors du lait, de la viande et des œufs. Il s'agit de produits ayant de nombreuses utilisations industrielles, de cosmétiques, de produits médicaux, d'engrais, d'antigels, etc. Sans les animaux, nous devrions créer des industries pour nous fournir tous ces produits.

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